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Rétrospective : Au croisement des cultures

Dernière mise à jour : 8 juil. 2022



de Sebastian Knop, chirurgien-dentiste de Dortmund (Allemagne)


Fierté, soulagement et joie se lisaient sur les visages des membres de l’équipe d’organisation luxembourgeoise. Ils étaient fiers que le premier forum organisé hors de l’Hexagone dans les 25 années d’existence de la CFHTB, la Confédération Francophone d’Hypnose et Thérapies Brèves, ait eu lieu précisément au petit pays du Luxembourg. Ils étaient soulagés que le forum prévu en 2021 n’ait pas été annulé mais seulement reporté, et qu’il puisse enfin débuter. Ils étaient heureux que tant de participantes et de participants pleins d’attentes, soient venus du monde francophone et d’ailleurs. « L’hypnose au croisement des cultures », cette devise du forum convenait parfaitement au Luxembourg.

Luxembourg, le croisement des cultures ? Faisons un peu d’histoire : une armée d’invasion puissante, parfaitement équipée et formée est anéantie par des combattants défendant leur pays. Non, il ne s’agit pas de l’Ukraine. Il y a de cela 2000 ans, sous le commandement de Hermann le Chérusque (le « Vercingétorix germanique »), dit Arminius, des troupes germaniques battaient les légions romaines envahissantes, commandées par Quinctilius Varus. Depuis ce temps, une frontière linguistique sépare l’Europe occidentale et centrale. Sur l’un des côtés de cette frontière on parle des langues romanes, influencées par les occupants romains et sur l’autre côté les langues germaniques. Il n’y a eu depuis que quelques petits déplacements de cette démarcation (on parle par exemple à Cologne et Trèves, anciennes villes romaines, aujourd’hui une langue germanique).


Le Luxembourg, par contre, est un pays où cette frontière linguistique devient floue car on y parle aussi bien les langues germaniques (Luxembourgeois et Allemand) que la langue romane (Français) et celles-ci utilisées tout naturellement et même simultanément par la même personne, parfois aussi dans la même phrase. De cette manière la devise « Hypnose au croisement des cultures » n’était pas seulement bien choisie, mais aussi réelle : Marco Klop, président du forum et de l’association Luxembourgeoise d’hypnose (IMHEL) qui nous recevait, amicalement radieux pendant le forum entier, était absolument authentique quand je lui ai adressé la parole en français et lui, me répondant directement en allemand, m’a exprimé qu’il était ravi que moi, en tant qu’Allemand, je sois venu au forum de la CFHTB.

En ce qui concerne la formation, j’ai profité du forum de diverses manières. Premièrement j’ai emporté quelques outils que j’aurais pu peut-être apprendre également en Allemagne, mais dont je n’ai jamais entendu parler auparavant. Parmi eux il y a le « gel magique » dont on peut se servir pour l’hypnoanésthesie superficielle et rapide, par exemple pour des soins subjectivement désagréables tels que le détartrage. Les balles anti-stress, elles aussi, font partie de cette catégorie. On les met par exemple dans les mains des enfants. L’assistante dentaire demande à l’enfant de presser deux fois à gauche, puis trois fois à droite etc. pour le divertir. Mais pour moi il était surtout intéressant d’entendre les exposés d’une infirmière pédiatrique et d’une orthophoniste. En France ça va sans dire que les membres de ces professions sont formés en hypnose, alors qu’en Allemagne ceci est encore inimaginable. L’utilisation des ressources des enfants refusant d’être soignés par l’infirmière et l’usage de la voix comme outil d’hypnose par l’orthophoniste ont été des informations enrichissantes. Puis l’un des ateliers de ressources créatives a été tout simplement ravivant1 ; à la fin nous avons tous chanté et dansé. Et voir en action Dominique Megglé et Yves Halfon, deux maîtres d’hypnose française, déjà impressionnants par leurs personnalités, a été bien entendu, une expérience extraordinaire en elle-même.


Comparant les structures du forum de la CFHTB avec les congrès de la DGH (= Deutsche Gesellschaft für Hypnose und Hypnotherapie, société allemande d’hypnose et d’hypnothérapie), j’aperçois quelques points communs et quelques différences. Les deux congrès ont en commun le programme réparti entre présentations en séances plénières et ateliers pratiques choisis. Les exposés de la DGH ont lieu uniquement le premier et le dernier jour du congrès. On choisit préalablement deux ateliers pour le deuxième et troisième jour. Chez la CFHTB les séances plénières alternent avec les « sessions ». Les « sessions », au nombre total de neuf, donnent l’occasion de choisir spontanément, donc sans pré-inscription, entre plusieurs ateliers et conférences (qui sont alors des exposés en petits groupes). Ce que je trouvais remarquable : Un atelier ne durait jamais plus d’une heure et demie. Par rapport aux congrès de la DGH on profite ainsi de personnaliser son programme de formation de manière plus variée et on diminue le risque de se tromper dans son choix. D’un autre côté on n’a jamais la possibilité de se plonger dans un seul sujet aussi intensément que comme chez nous, à la DGH. Aussi m’ont manqué les nombreux exercices pratiques et les hypnoses collectives dont j’ai l’habitude de profiter aux ateliers des congrès de la DGH.


« MUHUC » était particulièrement distrayant et amusant. C’est un caricaturiste formé en hypnose, qui dessinait pendant les séances plénières. Après chaque séance, il présentait les caricatures réalisées reliées aux exposés. Voici un exemple : Yves Halfon, grand maître français d’hypnose et psychologue, avait raconté, pour souligner que Erickson ne refusait pas forcément des suggestions directes, l’histoire suivante avec une touche d’autodérision : « Un urgentiste et un psychothérapeute sont au bord d’un fleuve quand ils aperçoivent un homme en détresse dans le fleuve. Sur la rive il y a deux bouées, une rouge et une bleue. L’urgentiste prend la première bouée qu’il peut saisir et la jette à l’homme dans le fleuve. Mais le psy lui reproche : ‘Comment as-tu pu faire cela ? Tu aurais dû lui demander s’il préfère la rouge ou la bleue.’ » Voilà le dessin que MUHUC en a créé : A gauche on voit un homme dans des vagues dont on peut lire au phylactère « Au s’cours, au s’cours !» Sur la rive il y a le psy, dans son phylactère est écrit : « Respirez calmement… Laissez votre inconscient faire le travail pour vous… » Cette caricature portait le titre « Noyade psychique ».


J’ai remarqué encore une grande différence par rapport au congrès de la DGH: Alors que notre congrès a lieu chaque année à Bad Lippspringe, les forums de la CFHTB montrent que la CFHTB est une confédération de diverses sociétés d’hypnose francophones, de sorte que chaque forum est organisé par une société différente. Alors je n’ai pas seulement été touché par l’enthousiasme des Luxembourgeois pour « leur » forum, mais j’ai trouvé la clôture également très émouvante. Tandis que chez nous, le dimanche, tout le monde rentre chez soi selon son gré; au Luxembourg il y a eu des adieux dithyrambiques du côté de l’équipe d’organisation luxembourgeoise et la passation symbolique du « flambeau » à la société « Association Hypnose33 » et leur présentation impressionnante et émotionnelle de la prochaine ville d’hôte : Bordeaux 2024. Oui, voici une autre différence : le forum de la CFHTB n’a lieu que tous les deux ans.


Du Luxembourg, je garderai des souvenirs durables : Le forum, les habitants polyglottes et accueillants, la belle vieille ville, ainsi que la maire de la ville qui nous a invités à un vin d’honneur. J’espère que les liens, ici tissés, seront aussi durables pour la DGH. J’ai proposé à Pierre Castelnau, président de la CFHTB, un échange avec la DGH, auquel il m’a semblé ouvert. On verra, ce qui en résultera…


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1 ) Il s’agit de l’atelier « Trois voix – voies » de nos formatrices IMHEL Sandra Balsamo, Roberta Lo Menzo & Christiane Steffens-Dhaussy ; suite au succès lors du FORUM cet atelier a été intégré au programme de l’IMHEL.

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